Il y a une autre chanson française…
Il y a une autre chanson
française…
« Soyez festifs ! Divertissez-nous ! Soyez hauts en
couleurs ! Nous voulons danser sur le pont d’Avignon ! » Voilà – sommairement
décrite – la tenue correcte exigée pour quiconque entend épouser la chanson
française aujourd’hui. Le paradis obligatoire du divertissement… Je me demande
si Ferré, Barbara, Brel ou Brassens y auraient droit de cité aujourd’hui…
Il y a une
autre chanson française que celle, festive et divertissante.
Mais dont bizarrement on parle si peu.
Une chanson française qui ne va pas forcément aux
Victoires de la Musique peut-être parce qu’à l’image du cinéma d’auteur et de
la littérature elle a d’autres ambitions que celle de nous divertir : elle,
elle veut nous bouleverser, nous bousculer, nous désarçonner, affronter le pire
et le meilleur de nos vies. Elle, elle n’arbore pas ce sourire forcé qu’on a
parfois pendant les fêtes où l’on singe la joie comme des épouvantails.
Elle n’est
pourtant ni sinistre ni ennuyeuse : elle fait juste de l’or avec notre boue,
selon la formule du poète.
Rappelons-nous : c’est une expérience sacrément
remuante de suivre le corbillard de Fernand avec Brel, de sentir le mal de
vivre se changer en joie de vivre avec Barbara, d’assister au naufrages
nocturnes de Richard avec Ferré, de regarder en face la mécanique terrible des
trompettes de la renommée avec Brassens…
C’est tout ça que fouillent, avec leur modernité et
leur immense talent, Dominique A, Jean-Louis Murat, Florent Marchet, Bertrand
Belin, Arman Méliès, Joseph d’Anvers, Valérie Leulliot, Bertrand Betsch, Alain
Bashung, Philippe Katerine, Claire Diterzi, Frank Monnet… et Erik Arnaud. Entre
autres.
C’est ça aussi la chanson française. Une expérience
sacrément remuante. Au moins autant que la « fête ». Sauf que ça nous laisse
plus vivant.
Alors pourquoi d’entre tous ces noms cités y en a-t-il
que vous ne connaissez toujours pas ?
Cherchons
l’erreur.
Et écoutons…
Texte emprunté à Arnaud Cathrine (Frère Animal)